Aller au contenu

Rameau : Les Boreades

Un monument de l’opéra français, longtemps oublié, exécuté avec une énergie qui lui fait honneur. Tout y est : douleur d’un amour impossible, détresse plaintive face à l’injustice criante, terreur d’une tempête dévastatrice, soulagement d’une fin favorable. Soyez saisis par cet unique chef-d’oeuvre, mené par Václav Luks !

La carrière de Rameau touchait à sa fin quand, au printemps 1764, commencent les répétitions de sa dernière œuvre, Les Boréades, à l’Académie Royale de Musique. Le décès du compositeur en septembre interrompit la production de sa tragédie lyrique, qui ne devait pas voir le jour… avant deux siècles ! Pourtant, quel opéra magnifique, sans doute le plus accompli de Rameau, en pleine possession de ses moyens créatifs à quatre-vingt ans : l’écriture pour l’orchestre et le chœur est d’une folle virtuosité, l’invention mélodique est exceptionnelle, le drame est puissant : il s’agit d’un véritable testament musical. L’intrigue se situe dans l’antique Bactriane, en Asie Centrale : la Reine Alphise doit se marier et les deux fils de Borée, Dieu des vents, sont des prétendants entreprenants. Mais elle aime Abaris, jeune étranger, et se résout à obéir au choix qu’Apollon fera pour elle. La fureur de Borée fait souffler les tempêtes, Alphise est enlevée par le dieu déchaîné, qui ne cessera sa colère qu’en apprenant d’Apollon qu’Abaris est son fils : Borée rend les armes devant cette ascendance divine. L’œuvre est une succession de situations de tensions, d’éléments déchaînés, de duos amoureux et de plaintes magnifiques. S’attaquant à ce monument de la musique française, Václav Luks réunit des solistes aguerris et ses forces chorales et orchestrales dont l’Opéra Royal résonne régulièrement : leur vaillance est admirable et Versailles doit bien cela à Rameau !