Aller au contenu

Berlioz : Symphonie Fantastique

Interprétation sur instruments historiques appropriés.

“Beethoven est un Titan, un Archange, un Trône, une Domination. Vu du haut de son œuvre, tout le reste du monde musical semble lilliputien. Il a pu, il a même dû paraphraser l’apostrophe de l’Évangile, et dire : « Hommes, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » Hector Berlioz, Les Grotesques de la musique.

Deux des plus célèbres et populaires symphonies jamais écrites ! La Symphonie n°5 de Beethoven a beaucoup influencé le jeune Hector Berlioz, qui y a puisé l’inspiration pour sa Symphonie fantastique, le premier chef-d’œuvre du romantisme. À l’origine de la création de cette dernière, un monument du paysage musical français de l’époque, François Habeneck, fondateur de la Société des Concerts du Conservatoire, ardent défenseur de l’œuvre de Beethoven en France. Le programme reprend l’effectif choisi par Habeneck lors de la première interprétation de la cinquième de Beethoven à Paris, en 1828. Les Siècles et François-Xavier Roth proposent ainsi de vivre le passage au romantisme comme a dû l’expérimenter le milieu parisien du début du XIXe siècle.

La Symphonie n°5 de Beethoven est une des œuvres les plus célèbres du répertoire classique. Cette œuvre qui bourgeonnait dans la tête de Beethoven bien avant le début de sa composition en 1805 et sa création à Vienne en 1808, est particulièrement connue pour son emblématique motif rythmique de quatre notes, que le compositeur décrit comme « le destin frappant à ma porte ». Mais c’est l’énergie inépuisable de la « Liberté » inspirée de la Révolution française et même des débuts de l’Empire qui pousse Beethoven à une exaltation exceptionnelle, jamais atteinte avant lui par la musique.

La Symphonie fantastique, Episode de la Vie d’un artiste (1830), exactement contemporaine de la bataille d’Hernani menée par Victor Hugo, ouvre le champ au romantisme musical. Grandement influencée par Beethoven, cette première symphonie témoigne d’une réussite et d’une originalité jusqu’alors inégalées. Le terme « musique à programme » (qui raconte un argument) en découlera. Mi-autobiographique, mi-fantasmée, l’œuvre transpose l’amour d’un jeune musicien en délire (Berlioz) dont l’obsession pour la bien-aimée (la comédienne anglaise Harriet Smithson qu’il découvrit jouant Ophélie dans Hamlet de Shakespeare) apparaît sous la forme d’un thème cyclique, présent dans les cinq mouvements et surnommé « l’idée fixe ». Cette mélodie insistante ne quitte jamais le cerveau bouillonnant de l’artiste, jusqu’à le torturer et le pousser à s’empoisonner, sans mourir : une « Marche au Supplice » qui aboutit à un fantastique « Songe d’une nuit de Sabbat » s’achevant par une course à l’abîme implacable et irrésistible, toutes les forces de l’orchestre sonnant comme jamais.

La création fut triomphale, mais Harriet qui refusait toutes les avances de Berlioz ne le sut pas. Lorsqu’en 1832 elle fut invitée par un ami à la seconde représentation à Paris de la Fantastique, elle s’assit dans la salle sans comprendre qu’elle en était LE sujet (ce que tout le public savait autour d’elle !), Berlioz la regardant comme un démon en jouant des timbales durant toute l’œuvre. Transportée par l’atmosphère incroyable de ce concert, elle accepta enfin de recevoir Berlioz, et ils furent bientôt mariés et parents. Même si la suite de leur union fut moins heureuse, elle reste la plus incroyable histoire d’amour artistique…